A l’occasion de la 23ième nuit des étoiles du 1er
au 3 août,
les comètes seront mises à l'honneur avec pour emblème la
mission Rosetta qui arrivera 3 jours après seulement (le 6 Août) à 100km de
la
comète 67P/Cheryumov-Gerasimenko, marquant le début de la phase de mise en
" orbite* " autour de celle-ci.
Directeur
de recherche au CNRS à l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de
Grenoble
« Les nuits étoilées du mois d'août offrent un spectacle céleste
splendide et immense alimentant la flamme de l'imagination de tous ceux qui
prennent, un instant, le temps de lever les yeux vers le firmament.
Le flux d'étoiles filantes, intense, offre un décor spectaculaire à la Nuit
des Etoiles qui permet, tous les ans, une rencontre entre l'astrophysique et le grand public. Cette année,
l'organisation de cette fête coïncide avec passage de la Terre, lors de son
orbite autour du soleil, dans le sillage de la comète Swift-Tuttle. Ce
croisement périodique devrait permettre l'observation de beaux flux lumineux dans
le ciel nocturne. Mais ce spectacle qui a suscité, selon l'époque, la peur, la
curiosité ou encore l'émerveillement, est en fait le résultat d'un phénomène
physique désormais bien compris. Car les étoiles filantes observées résultent du passage d'une
pluie de poussières (appelées météores) dans l'atmosphère terrestre. En entrant
dans l'atmosphère à une vitesse de quelques dizaines de kilomètres par seconde,
les poussières, dont les dimensions varient du microscopique au centimétrique,
se chauffent à des températures de plusieurs milliers de degrés, brûlent, et
finalement se consument. Si la plupart des météores se consument complètement,
certains ne brûlent pas totalement et arrivent sur terre. On parlera alors de
météorites ou de micrométéorites.
Les étoiles filantes sont donc les témoins des interactions permanentes entre
la matière extraterrestre et la Terre. Malheureusement, ni l'observation des
étoiles filantes à partir de la Terre, même au travers de puissants télescopes,
ni l'étude de la matière de ces corps tombés sur notre planète ne permettent
une compréhension fine des comètes, de leur structure interne, de leurs
propriétés physiques ou de leur composition chimique. Seule la réalisation
de mesures d'une comète "dans son environnement naturel"
permettra d'apporter des réponses à ces questions. L'enjeu de ces réponses ne
se limite pas à améliorer notre savoir sur "l'anatomie" d'un
simple caillou, si céleste soit-il. En effet, les astrophysiciens pensent que
les comètes contiennent de la matière primitive qui a servi de brique pour
l'édification de notre système solaire. En outre, les comètes ont aussi
vraisemblablement amené l'eau sur Terre et peut-être même les molécules
organiques qui ont permis l'apparition de la vie, lors du bombardement massif
de notre planète par une multitudes d'astéroïdes et de comètes, bien avant
qu'elle ne devienne bleue, dans sa période de formation, il y a de ça plusieurs
milliards d'années. »
La mission spatiale Rosetta, de l'Agence Spatiale Européenne, a justement
pour objectif l'étude de la comète C-G 67/P afin d'approfondir nos
connaissances concernant l'origine et l'évolution du système solaire. A
l'instar de la pierre de Rosette qui a permis à Champollion de déchiffrer les
hiéroglyphes égyptiens, la mission Rosetta nous permettra de progresser dans la
compréhension de notre système solaire. Après un voyage dans l'espace
interplanétaire de centaines de millions de kilomètres pendant plus de 10 ans,
la sonde Rosetta se trouve actuellement à moins de 3000km de son point de
rendez-vous. Elle accompagnera la comète dans son parcours autour du soleil
pendant une année, l'étudiant à distance et dans son milieu proche. Ces
observations permettront de l'analyser en détail et de suivre ses changements au
fur et à mesure que la comète se rapprochera du soleil.
La sonde a aussi embarqué un atterrisseur de 100kg disposant d'instruments en
charge des études de la surface et de la subsurface de la comète.
L'atterrissage, une première mondiale, prévu pour le 11 novembre 2014, sera une
opération à haut risque, très difficile à réaliser et à planifier, compte tenu
de la gravité extrêmement faible, des propriétés inconnues de la
surface , et de la forme compliquée du noyau. Nous attendons une moisson
de découvertes scientifiques majeures. Les premières images reçues du noyau de
la comète, notamment de sa forme binaire, constituent déjà une première
surprise. Aucune observation indirecte du noyau à partir de la Terre,
n'aurait pu suggérer cette forme.
La Nuit des étoiles constitue donc un moment privilégié qui nous donne
l'opportunité de partager nos recherches avec le grand public et, qui sait, de
semer les germes de nouvelles vocations chez tous ceux qui ont la tête dans les
étoiles.
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