vendredi 1 août 2014

édition 23 de "la nuit des étoiles"

A l’occasion de la 23ième nuit des étoiles du 1er au 3 août,
les comètes seront mises à l'honneur avec pour emblème la mission Rosetta qui arrivera 3 jours après seulement (le 6 Août) à 100km de 
la comète 67P/Cheryumov-Gerasimenko, marquant le début de la phase de mise en " orbite* " autour de celle-ci.
Directeur de recherche au CNRS à l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble
« Les nuits étoilées du mois d'août offrent un spectacle céleste splendide et immense alimentant la flamme de l'imagination de tous ceux qui prennent, un instant, le temps de lever les yeux vers le firmament.

Le flux d'étoiles filantes, intense, offre un décor spectaculaire à la Nuit des Etoiles qui permet, tous les ans, une rencontre entre l'astrophysique et le grand public. Cette année, l'organisation de cette fête coïncide avec passage de la Terre, lors de son orbite autour du soleil, dans le sillage de la comète Swift-Tuttle. Ce croisement périodique devrait permettre l'observation de beaux flux lumineux dans le ciel nocturne. Mais ce spectacle qui a suscité, selon l'époque, la peur, la curiosité ou encore l'émerveillement, est en fait le résultat d'un phénomène physique désormais bien compris. Car les étoiles filantes observées résultent du passage d'une pluie de poussières (appelées météores) dans l'atmosphère terrestre. En entrant dans l'atmosphère à une vitesse de quelques dizaines de kilomètres par seconde, les poussières, dont les dimensions varient du microscopique au centimétrique, se chauffent à des températures de plusieurs milliers de degrés, brûlent, et finalement se consument. Si la plupart des météores se consument complètement, certains ne brûlent pas totalement et arrivent sur terre. On parlera alors de météorites ou de micrométéorites.

Les étoiles filantes sont donc les témoins des interactions permanentes entre la matière extraterrestre et la Terre. Malheureusement, ni l'observation des étoiles filantes à partir de la Terre, même au travers de puissants télescopes, ni l'étude de la matière de ces corps tombés sur notre planète ne permettent une compréhension fine des comètes, de leur structure interne, de leurs propriétés physiques ou de leur composition chimique. Seule la réalisation de mesures d'une comète "dans son environnement naturel" permettra d'apporter des réponses à ces questions. L'enjeu de ces réponses ne se limite pas à améliorer notre savoir sur "l'anatomie" d'un simple caillou, si céleste soit-il. En effet, les astrophysiciens pensent que les comètes contiennent de la matière primitive qui a servi de brique pour l'édification de notre système solaire. En outre, les comètes ont aussi vraisemblablement amené l'eau sur Terre et peut-être même les molécules organiques qui ont permis l'apparition de la vie, lors du bombardement massif de notre planète par une multitudes d'astéroïdes et de comètes, bien avant qu'elle ne devienne bleue, dans sa période de formation, il y a de ça plusieurs milliards d'années. »


La mission spatiale Rosetta, de l'Agence Spatiale Européenne, a justement pour objectif l'étude de la comète C-G 67/P afin d'approfondir nos connaissances concernant l'origine et l'évolution du système solaire. A l'instar de la pierre de Rosette qui a permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, la mission Rosetta nous permettra de progresser dans la compréhension de notre système solaire. Après un voyage dans l'espace interplanétaire de centaines de millions de kilomètres pendant plus de 10 ans, la sonde Rosetta se trouve actuellement à moins de 3000km de son point de rendez-vous. Elle accompagnera la comète dans son parcours autour du soleil pendant une année, l'étudiant à distance et dans son milieu proche. Ces observations permettront de l'analyser en détail et de suivre ses changements au fur et à mesure que la comète se rapprochera du soleil.
La sonde a aussi embarqué un atterrisseur de 100kg disposant d'instruments en charge des études de la surface et de la subsurface de la comète. L'atterrissage, une première mondiale, prévu pour le 11 novembre 2014, sera une opération à haut risque, très difficile à réaliser et à planifier, compte tenu de la gravité extrêmement faible, des propriétés inconnues de la surface , et de la forme compliquée du noyau. Nous attendons une moisson de découvertes scientifiques majeures. Les premières images reçues du noyau de la comète, notamment de sa forme binaire, constituent déjà une première surprise. Aucune observation indirecte du noyau à partir de la Terre, n'aurait pu suggérer cette forme.

La Nuit des étoiles constitue donc un moment privilégié qui nous donne l'opportunité de partager nos recherches avec le grand public et, qui sait, de semer les germes de nouvelles vocations chez tous ceux qui ont la tête dans les étoiles.